Ci-dessous la déclaration de nos camarades grecs (Tendance communiste de Syriza) au lendemain du discours de politique générale d’Alexis Tsipras.
L’annonce du programme du gouvernement, dimanche, par le Premier ministre, ne contenait aucun des reculs que la classe dirigeante et la Troïka espéraient. Le gouvernement et SYRIZA doivent maintenir une position digne et ferme. Une confrontation avec la Troïka et le capital est inévitable : ceux-ci n’ont aucune intention de négocier avec le gouvernement. Au contraire, ils cherchent à l’humilier et n’auront aucun scrupule à miner ses engagements envers le peuple grec et à expulser la Grèce de la zone euro. Par conséquent, les mesures importantes contenues dans le programme du gouvernement ne pourront être mises en œuvre que dans le cadre d’un programme socialiste.
Le discours de politique générale de Tsipras a provoqué un sentiment de soulagement et de satisfaction parmi les travailleurs et les sections les plus pauvres de la société. Naturellement, les communistes de la SYRIZA se félicitent des intentions du gouvernement de ne pas céder aux ultimatums provocateurs de l’Allemagne et à la tentative de la BCE d’étouffer le système bancaire grec. Nous nous félicitons de l’engagement du Premier ministre, en vue de la réunion de l’Eurogroupe de mercredi (11/2), lorsqu’il dit que « le gouvernement ne trahira pas la fierté et la dignité du peuple grec ».
Cependant, nous appelons le Premier ministre et nos autres camarades de la direction du parti à ne pas avoir d’illusions dans la perspective d’un accord avec la Troïka qui serait à l’avantage du peuple grec. En effet, tous les actes passés de la Troïka ont amplement démontré que tout nouvel « accord » reposera sur l’humiliation du peuple grec.
Une confrontation avec la Troïka est inévitable si le gouvernement maintient son cap. Redoutant la victoire électorale de partis de gauche à travers l’Europe, la Troïka n’a pas l’intention de s’engager dans des négociations constructives lors de la réunion de l’Eurogroupe, mercredi. Elle exigera que le gouvernement grec renonce à son programme et, une fois de plus, lui demandera de respecter les politiques d’austérité prévues dans le « Mémorandum ». Elle intensifiera ses pressions sur le gouvernement grec et n’hésitera pas à rééditer la politique adoptée envers Chypre en mars 2013. Elle est même prête, s’il le faut, à expulser la Grèce de la zone euro.
Ce qui est également inévitable, si le gouvernement maintient son cap, c’est la confrontation avec la classe capitaliste qui dirige la vie économique du pays. Le programme du gouvernement annoncé dimanche dernier aurait pour effet de priver les capitalistes grecs et étrangers des avantages qu’ils ont acquis avec le Mémorandum au cours des dernières années. Aussi n’hésiteront-ils pas à s’engager dans une politique de sabotage de l’action gouvernementale, au moyen notamment d’une fuite de capitaux et d’une grève des investissements.
Ainsi, face à cette perspective imminente d’un affrontement avec la Troïka et le capital, la seule façon de financer et de réaliser les promesses du programme du gouvernement, c’est l’annulation de la dette, la nationalisation du système bancaire et la mise en œuvre d’un programme de nationalisation des principaux leviers de l’économie, sous le contrôle démocratique des travailleurs, dans le cadre d’une planification dé l’économie bénéficiant à l’ensemble de la société. L’adoption et la mise en œuvre immédiate d’un programme socialiste sont indispensables pour maintenir une position ferme et digne envers la Troïka – et pour mettre en œuvre le programme de réformes sur lequel le parti a été élu.