Alors que la vague Omicron fait toujours rage, la CAQ s’entête à précipiter la réouverture des écoles. Malgré ses assurances, il ne fait aucun doute que la proximité des élèves et du personnel dans les salles de classe pleines et mal ventilées va créer des éclosions de masse et empirer une situation déjà grave. Le retour dans ces conditions va mener à la catastrophe. Nous devons organiser un refus de travail jusqu’à ce que les écoles soient vraiment sécuritaires.
En raison de l’inaction de François Legault et de la CAQ, les infections et hospitalisations à la COVID-19 augmentent sans cesse, et sont tragiquement en train de fracasser tous les records. Notre système de santé, qui manque gravement de ressources en temps normal, est déjà poussé au-delà de ses limites. La pénurie de lits est telle que les hôpitaux en sont rendus à des niveaux de délestage même pas prévus dans les protocoles. La CAQ dit être devant notre « fin de semaine la plus critique ». Et c’est dans ces conditions qu’elle permet la réouverture des écoles, un des principaux lieux de transmission du virus!
Les prochains développements sont facilement prévisibles. Les cas vont continuer d’augmenter, le système d’éducation sera disloqué et un grand nombre d’élèves seront forcés de retourner en enseignement virtuel de toute façon, mais avec une vague d’infections exacerbée. Le laisser-aller du gouvernement depuis deux ans va maintenant mettre les enfants et leurs familles à risque, en les renvoyant dans des écoles qui manquent dramatiquement de ressources et de personnel.
Le plan de retour à l’école de la CAQ atteint des sommets d’aveuglement volontaire et d’incompétence. Le gouvernement insiste qu’il n’est « pas démontré » que les écoles soient des foyers d’éclosion, malgré que 50% des éclosions avant les fêtes provenaient des écoles. De plus, comme tout le monde le sait, les écoles manquent de personnel et ne sont pas adéquatement ventilées. La CAQ ne veut toujours pas distribuer de masques N95 aux enseignants; le remplaçant d’Horacio Arruda, Luc Boileau, a même affirmé avec le plus grand sérieux que ceux-ci ne sont pas nécessaires dans les écoles! Il n’y a toujours pas assez de tests rapides pour effectuer des dépistages réguliers. Les élèves du secondaire n’y auront même plus accès. Les cas positifs ne seront plus recensés, et les parents ne seront même plus avisés des cas positifs dans les classes de leurs enfants. La distribution des troisièmes doses de vaccins est à peine commencée. Avant même la réouverture, les lignes directrices fournies aux écoles par la CAQ prévoient déjà des mesures extrêmes et carrément loufoques comme le « délestage » de certaines tâches pour libérer des enseignants, la mobilisation de parents bénévoles pour assurer la suppléance et même donner deux groupes à surveiller par enseignant. Cela montre bien que pour la CAQ, les enseignants servent surtout à faire du gardiennage.
Les syndicats des enseignants, les associations parentales et la communauté scientifique ont signalé leurs inquiétudes à plusieurs reprises, mais la CAQ a complètement ignoré toutes les occasions de préparer le système, tout en ignorant les signaux d’alerte, et semble croire que si on arrête de chercher et de compter les cas, il y en aura moins.
La CAQ a créé une situation où un choix impossible entre deux mauvaises options nous est offert. D’un côté, il est certain que personne ne souhaite que les écoles restent fermées pour une période prolongée. L’enseignement virtuel complique énormément la vie des parents qui doivent trouver des moyens de superviser leurs enfants, en plus de compromettre la santé mentale et le développement sain des enfants. Par contre, le retour précipité et désorganisé que le gouvernement nous impose sans avoir assuré la sécurité du système va immanquablement empirer la vague d’infection et forcer un inévitable retour chaotique à l’enseignement virtuel.
La CAQ prétend être purement motivée par le bien-être des enfants, mais son hypocrisie est claire. Si elle se souciait réellement du bien-être des enfants, la CAQ aurait pu utiliser les deux dernières années pour investir massivement dans le système d’éducation, augmenter les salaires, engager du personnel de soutien et améliorer l’aération. Mais cela est inconcevable pour la CAQ. Sa seule priorité est d’assurer la disponibilité des parents et leur capacité à générer des profits pour le patronat.
Les syndicats des enseignants ont exprimé leurs inquiétudes au gouvernement Legault. La Fédération autonome de l’enseignement (FAE) a même demandé le report du retour en classe tant que les conditions ne sont pas satisfaisantes. En entrevue avec Radio-Canada, Sylvain Mallette, le président de la FAE, a constaté l’entêtement de la CAQ et que « l’objectif, c’est de ne plus permettre la fermeture des classes, coûte que coûte ». Éric Gingras, le président de la Centrale des syndicats du Québec, a indiqué qu’il craint une « hécatombe » avec l’augmentation des contacts. Dénoncer le plan de la CAQ est nécessaire. Mais sans un appel à des actions concrètes de leurs membres, ce sont malheureusement des déclarations faciles à ignorer par le gouvernement. Nos directions syndicales nationales et locales doivent tout faire pour encourager et rendre possible un tel mouvement.
Les directions syndicales ont raison de demander un délai supplémentaire et des mesures sanitaires convenables. Nous devons refuser que les enfants et le personnel deviennent le banc d’essai de l’immunité collective. Cette semaine, en France, les enseignants ont déclaré une grève pour protester contre les conditions dangereuses imposées par le gouvernement. Nous devons nous inspirer de leur combativité et organiser un mouvement de refus du travail dangereux.
Les écoles ne sont pas sécuritaires. Il faut exiger des tests rapides quotidiens pour tous et du personnel pour aider à les administrer aux enfants, des masques N95, des classes à occupation réduite et dotées d’aération adéquate et une double paye pour tout le personnel du réseau scolaire. En plus d’être méritée par le risque inévitable, c’est une manière d’attirer plus de personnel.
Ultimement, la décision de rouvrir ou non les écoles ne devrait pas appartenir à un gouvernement au service des patrons. Ce n’est pas messieurs Legault, Roberge, Dubé et Boileau, assis confortablement dans leur salon, qui vont risquer leur santé et celle de leur famille lundi prochain. Le réseau de l’éducation devrait être entièrement contrôlé par les travailleuses et travailleurs. C’est à eux de décider si les écoles sont suffisamment sécuritaires pour rouvrir.