Le vendredi 30 août, les 2500 travailleurs de l’hôtellerie syndiqués avec la CSN à travers le Québec sont entrés en grève pour une deuxième journée en un mois. Le syndicat revendique un rattrapage salarial de 36% sur quatre ans pour compenser les efforts réalisés durant la pandémie afin de maintenir les services des hôtels.
Nous avons visité le piquet de grève de l’hôtel Delta à Québec. Comme c’était une grève surprise, nous avons seulement eu le temps d’arriver à la fin de celle-ci. Nous avons quand même eu la chance de discuter avec Jeremey, un gréviste travaillant au ménage.
Jeremey nous a décrit les mauvaises conditions de travail imposées aux travailleurs de l’hôtellerie. Un des problèmes qu’il a soulevés est que le salaire ne correspond pas au temps effectué, mais est à la pièce. En effet, la paie est seulement accordée selon un nombre de chambres nettoyées. Or, le temps pour nettoyer une chambre dépend de plusieurs facteurs comme le nombre de lits et les poils laissés ou non par des animaux.
Les patrons des hôtels ne se préoccupent pas d’accorder un salaire qui représente vraiment le temps de travail. Au contraire, le travail à la pièce leur permet de limiter les salaires tout en incitant les travailleurs à travailler plus rapidement.
Les mauvaises conditions de travail dans les hôtels font qu’il y a une pénurie de main-d’œuvre. Certains services qui étaient offerts à l’hôtel Delta sont maintenant réduits, comme le service aux chambres et le valet.
Pour pallier le manque de main-d’œuvre, le patronat fait appel à des agences privées qui ont des conditions de travail encore plus médiocres que celles des syndiqués – une façon détournée de miner les syndicats.
Et pendant que les conditions de travail ont reculé, le prix des chambres a plus que doublé en quatre ans et les patrons des hôtels ont empoché des profits records. Bien sûr, les travailleurs n’ont pas vu une cent de cet argent, les salaires n’ayant pas suivi. Comme Jeremey a bien dit « ils ont tout pris du gâteau sans laisser une part aux travailleurs ».
La grève surprise de vendredi dernier est une deuxième réponse à l’avarice des patrons des hôtels. La prochaine étape pour les syndiqués devrait être une grève d’une durée illimitée. Une grève d’une journée permet aux patrons d’encaisser le coût, sachant que le pire est passé. Pour être efficace, elle doit être accompagnée d’une menace d’escalade des moyens de pression à une grève d’une durée illimitée, dont les dommages sont imprévisibles pour le patronat.
Le conflit de travail dans l’hôtellerie au Québec est représentatif de la situation de bien des travailleurs. Alors que les capitalistes se félicitent d’avoir traversé la pandémie de COVID-19 et l’inflation sans crise économique, ces discours optimistes ne se reflètent pas dans la vie des travailleurs. Tout ce que les travailleurs connaissent, c’est des salaires qui traînent la patte derrière l’inflation, des conditions de travail qui reculent et des attaques sur les syndicats. Et ça, c’est ce que le capitalisme a offrir alors qu’il va supposément bien… Qu’est-ce que ce sera quand la crise économique reviendra?
Solidarité avec les travailleurs de l’hôtellerie!