La société va mal, ça ne prend pas la tête à Papineau pour s’en rendre compte. Parions que la personne ayant fait le choix de cliquer sur ce lien risque d’être d’accord avec cette affirmation. Depuis la Grande Récession commencée en 2007-2008, le capitalisme à l’échelle planétaire reste embourbé dans une crise profonde. Même si les indicateurs économiques laissent entrevoir une timide embellie, celle-ci repose sur des fondations extrêmement faibles, qui menacent de s’écrouler à tout instant. En réalité, le système capitaliste est entré dans une phase de déclin, et a déjà commencé à pourrir à vue d’œil. De plus en plus de jeunes s’en rendent compte. Mais la jeunesse doit aussi bien comprendre ce fait : aucun retour en arrière n’est plus possible; la prochaine époque en sera une de révolution, et la jeunesse radicalisée doit tout de suite se préparer à la mener à la victoire.
En effet, nous avons beau être jeunes, nous ne sommes pas dupes. Même si le Québec connaît actuellement une relative santé économique, il nous suffit de regarder les nouvelles pour voir que quelque chose cloche. Nous sommes témoins des guerres impérialistes interminables au Moyen-Orient et en Afrique et de la barbarie qu’elles entraînent. Nous sommes conscients de la progression des inégalités partout sur la planète et de la concentration des richesses entre les mains d’une poignée de plus en plus réduite de multi-milliardaires. Nous assistons impuissants à la destruction des écosystèmes et de la biodiversité et à la progression du réchauffement climatique. Nous sommes dégoûtés de la montée des sentiments xénophobes et de leur utilisation par les politiciens. Nous nous désolons d’une culture de masse qui tourne à vide, avec comme seul objectif le profit. Et nous comprenons que les politiciens, corrompus et au service des banquiers, ne régleront jamais ces problèmes.
Comme il semble que l’avenir n’a rien à offrir de bon, pas étonnant que beaucoup d’entre nous tombent dans le cynisme et la démoralisation. Les jeunes canadiens sont particulièrement nombreux à souffrir de dépression, et ce phénomène serait en hausse selon certains. La consommation d’antidépresseurs parmi ce groupe a bondi de 63% entre 2010 et 2013, et celle d’antipsychotiques de 33%. Une enquête de 2015 indiquait que les maladies mentales seraient les motifs de consultation médicale qui connaissent la hausse la plus rapide chez les Canadiens. Et l’abondance et la popularité des « memes » nihilistes, pessimistes ou portant sur la détresse psychologique sur les réseaux sociaux constitue un indice puissant, bien qu’anecdotique, du sentiment qui règne chez beaucoup de jeunes.
Mais par-dessus tout, le sentiment qui traverse la jeunesse est celui d’une profonde colère. Un très vaste sondage réalisé auprès de la jeunesse européenne en 2016 révélait qu’une grande partie des 18-34 ans seraient prêts à participer à un « mouvement de révolte de grande ampleur, de type mai 68 ». Par exemple, 67 % des jeunes Grecs, 65 % des Italiens et 61 % des Français ont répondu oui à la question. Même en Suisse paisible et prospère, 44 % des jeunes participeraient à une révolte. Parions que les chiffres pour le Québec seraient eux-aussi très élevés. De quel pays que l’on vienne, la jeunesse comprend que l’avenir de l’humanité n’est pas rose, et veut lutter pour changer le monde. Le magnifique mouvement étudiant de 2012 nous a déjà démontré que la jeunesse québécoise ne manque pas de combativité. Tout ce qui lui manque, c’est un combat.
Justement, une lutte aux dimensions colossales se profile à l’horizon. Le système économique actuel, le capitalisme, ne profite qu’aux quelques multimilliardaires à la tête des banques et des gigantesques monopoles qui contrôlent virtuellement toute l’économie à l’échelle planétaire. Huit milliardaires possèdent aujourd’hui 50 % de la richesse mondiale, et la concentration du capital ne va qu’en augmentant. Avec de telles fortunes, leur mainmise sur les États font de la démocratie un mythe à reléguer dans la même catégorie que la fée des dents et le Père Noël. Pendant ce temps, des milliards de gens se trouvent forcés de consacrer le plus clair de leur temps à un emploi qu’ils détestent pour pouvoir se loger et se nourrir. Et ceux-là ont au moins la chance d’avoir un moyen de subsistance. Une telle situation ne peut évidemment durer bien longtemps. Les exploités finissent toujours par se révolter, et cette révolte se prépare.
Le processus de polarisation politique auquel nous assistons depuis quelques années en est le signe avant-coureur : d’un côté une extrême-droite qui relève la tête et qui s’organise, comme La Meute, Trump, Charlottesville et le Front national le montrent; d’un autre, les mouvements de gauche gagnent en popularité et en radicalité, qu’on pense aux phénomènes Mélenchon, Corbyn et Sanders, ou encore à Occupy, Nuit Debout et aux Indignados. Cette polarisation entraîne un effondrement du centre politique et des partis de l’establishment, qui vient bouleverser le paysage politique partout à travers le monde. La défaite du Parti conservateur albertain en 2015 après 44 ans au pouvoir, et la quasi-disparition des partis « socialistes » en France, en Espagne et en Grèce, qui avaient dominé la scène politique pendant des décennies, en sont de bons exemples. Mais surtout, la classe ouvrière, ce géant endormi, commence à se réveiller. En 2016 a eu lieu la plus grande grève générale de tous les temps, avec 180 millions de travailleurs indiens ayant débrayé pour une journée. Et en avril dernier au Brésil, 40 millions de personnes ont refusé de travailler pour protester contre une grave contre-réforme du Code du travail. Ici aussi, les dernières années ont vu un réveil du mouvement syndical, avec les grandes grèves du secteur public en 2015 et de la construction l’été dernier. Tous ces indices pointent dans une direction : la réapparition de la lutte des classes, ce « vieux » conflit qu’on avait déclaré terminé avec le démantèlement de l’Union soviétique.
Il ne reste aujourd’hui plus d’autre solution à l’humanité pour se sortir de l’impasse historique dans laquelle elle se trouve que de se débarrasser une fois pour toute de ce vieux système économique en phase terminale qu’est le capitalisme, et de le remplacer par un nouveau. Pour la grande majorité de l’humanité forcée de travailler pour gagner sa vie, cette solution consiste à arracher leurs richesses des mains des parasites à la tête des entreprises et des banques, et à les réinvestir massivement dans la santé, l’éducation, les technologies vertes, l’infrastructure, les transports en commun, la culture, etc. Ce nouveau système, le socialisme, consiste précisément en une société où les travailleurs possèdent collectivement et contrôlent démocratiquement les entreprises, les ressources naturelles, les moyens de transports et les banques, et les gèrent dans l’intérêt de tous et toutes. La lutte pour un monde meilleur est donc en réalité une lutte entre pauvres et riches, entre employés et employeurs, entre travailleurs et capitalistes.
Par conséquent, la tâche du renversement du capitalisme et de son remplacement par le socialisme ne peut passer que par l’organisation des travailleurs et des travailleuses eux-mêmes. Nous ne pouvons compter que sur nos propres moyens. La « classe politique » s’est révélée incapable de régler les innombrables problèmes qui affligent la société, et il n’existe aucune raison de croire que cela va changer. Les travailleurs doivent donc se doter de leur propre organisation révolutionnaire, professionnelle et dotée des meilleures méthodes de lutte. À la Riposte socialiste, nous travaillons à construire cette organisation en amenant les jeunes les plus motivés, les plus dynamiques et les plus radicalisés à unir leurs forces pour promouvoir un programme socialiste au sein du mouvement étudiant et ouvrier. Nous sommes présents dans près d’une dizaine de villes et sur 17 campus au Canada, et dans plus de 30 pays à travers le monde. Alors si vous n’en pouvez plus de cette société malade, si vous êtes prêts à vous engager dans cette lutte de la plus haute importance, rejoignez-nous!