Le week-end du 21 mai 2022, les marxistes de La Riposte socialiste/Fightback ont tenu leur plus grand congrès à ce jour. Plus de 280 personnes de sont déplacées jusqu’à Toronto depuis des dizaines de villes, ce qui témoigne de l’expansion impressionnante de l’organisation au cours des deux dernières années. Alors que le découragement règne au sein de la gauche canadienne, l’ambiance de ce congrès était au contraire dominée par l’enthousiasme et l’optimisme. Les marxistes avancent!
Non seulement il s’agissait du plus grand congrès de notre histoire, mais les participants venaient de plus de villes que jamais : Edmonton, Calgary, Grand Prairie, Regina, Vancouver, Victoria, Montréal, Québec, Sherbrooke, Gatineau, Chicoutimi, Rimouski, Halifax, Thunder Bay, Kingston, Hamilton, Guelph, Windsor, Barrie, Peterborough, Ottawa et bien sûr Toronto.
La première séance du congrès a commencé par une présentation sur les perspectives mondiales par Fred Weston, rédacteur en chef de In Defense of Marxism. Il a expliqué que le capitalisme à l’échelle mondiale est entré dans une crise profonde pour laquelle la classe dirigeante n’a pas de solution. Cette crise donne lieu à une concurrence accrue entre les puissances mondiales, ce qui explique la guerre en Ukraine. Cette guerre, qui a déjà coûté des milliers de vies, est le reflet de la concurrence entre l’OTAN d’une part, et la Russie d’autre part, qui va en s’intensifiant depuis des années. Le conflit en Ukraine est en définitive un choc entre les impérialismes, qui sacrifient la vie des travailleurs pour des marchés, des profits et des sphères d’influence. Ses effets ont déjà commencé à se faire ressentir hors des frontières de l’Ukraine. De nombreux pays en développement, comme le Liban et l’Égypte, dépendent des céréales importées d’Ukraine et de Russie, et la famine s’y installe.
Weston a expliqué que la contradiction clé de notre époque est que la situation est mûre pour une révolution socialiste, mais il manque à la classe ouvrière la direction clairvoyante nécessaire pour accomplir cette tâche. D’une part, le capitalisme a développé les forces productives à des hauteurs inouïes. Mais comme le système est entré dans une phase de décrépitude sénile, l’énorme quantité de richesse produite par la classe ouvrière est accaparée par une petite minorité de capitalistes. Pendant ce temps, la classe ouvrière n’a jamais été aussi nombreuse, ayant augmenté de centaines de millions de personnes au cours des deux dernières décennies. Cependant, la direction du mouvement ouvrier a largement accepté le système capitaliste. Fred a expliqué que c’est à nous de rectifier cette situation et de construire la direction révolutionnaire nécessaire pour mener les travailleurs à la victoire.
Lors de la séance suivante, le congrès a discuté des perspectives canadiennes. La présentation a été donnée par Alex Grant, rédacteur en chef du magazine Fightback. Il a expliqué que malgré le calme apparent qui règne au Canada, il existe une profonde colère dans la société canadienne. Avec l’inflation croissante, les travailleurs voient le coût de la vie augmenter de semaine en semaine. Cela contraste avec les plus de 400 milliards de dollars de profits supplémentaires réalisés l’année dernière par les entreprises canadiennes. Alors que le gouvernement est contraint d’augmenter les taux d’intérêt pour lutter contre l’inflation, cette solution est une arme à double tranchant. Elle ne fait qu’augmenter les dettes et les paiements hypothécaires de nombreux travailleurs. Elle finira par provoquer une crise qui poussera le gouvernement à adopter des politiques d’austérité. Comme Alex l’a souligné, tous les chemins mènent vers une crise.
Cependant, il n’y a pas eu de véritable exutoire pour cette colère dans le mouvement ouvrier. Les dirigeants syndicaux la contiennent volontairement, tandis que le NPD soutient le gouvernement Trudeau. Cela permet à des personnalités de droite comme Pierre Poilievre de se faire passer pour un homme du peuple, dans l’espoir de canaliser cette colère de manière opportuniste. Alex Grant a clairement indiqué qu’à long terme, il n’y a pas de solution à cette crise sous le capitalisme, et que ce qu’il faut, c’est une transformation révolutionnaire de la société sur des bases socialistes.
Suite à cette discussion, les séances suivantes ont porté sur la construction de l’organisation révolutionnaire au Canada. Joel Bergman, du comité de rédaction de Fightback, a fait une présentation dans laquelle il a passé en revue de nombreuses leçons et conseils pour les militants sur la manière de construire une organisation marxiste. Il a expliqué qu’il n’y a jamais eu de meilleur moment pour construire une telle organisation, les jeunes en particulier ayant une haine naturelle du capitalisme et de larges couches de la population étant ouvertes à une perspective marxiste. La Riposte socialiste s’est développée massivement au cours des dernières années, s’étendant à travers le Canada et ayant maintenant une présence d’un océan à l’autre. La présentation a été suivie d’une discussion animée avec des marxistes de tout le pays partageant des leçons et donnant des rapports sur divers domaines du travail auprès de la jeunesse, dans le mouvement syndical et dans les quartiers.
Ensuite, Donovan Ritch a donné une présentation sur les traditions financières bolcheviques. Il a expliqué que pour les marxistes, les finances sont intrinsèquement une question politique. Nous n’avons pas de gros bailleurs de fonds, mais nous comptons sur les petites contributions de nos membres et de nos sympathisants. Cela ne peut pas être fait de manière bureaucratique, mais seulement avec des idées profondes et des perspectives correctes. Comme pour démontrer la vitalité de ces traditions financières bolcheviques, notre collecte de fond a plus que doublé par rapport à l’année précédente. Avec une telle collecte de fonds record, l’année commence sur des bases solides.
Pour terminer la conférence, Fred Weston a fait une présentation sur le travail de la Tendance marxiste internationale (TMI) dont La Riposte socialiste fait partie. Les camarades ont écouté attentivement Fred Weston parle des progrès de la TMI à travers le monde, avec une croissance explosive depuis le début de la pandémie et le développement de nouvelles sections dans de nombreux pays. Fred a expliqué que la force de la TMI repose sur notre attitude sérieuse envers la théorie marxiste. Cela nous a permis d’être un pôle d’attraction pour des milliers de personnes dans le monde qui cherchent des idées pour les aider à donner un sens à la situation actuelle.
À cet égard, Fred a expliqué que l’Université marxiste internationale de cette année a déjà attiré plus de 1000 inscrits provenant de plusieurs dizaines de pays. C’est impressionnant considérant qu’il reste encore des mois avant cet événement qui se tiendra en ligne du 23 au 26 juillet. Il s’agit maintenant pour les marxistes du monde entier de se mobiliser à fond pour faire de cet événement le plus grand et le meilleur événement marxiste international en ligne qui ait jamais eu lieu.
Ce congrès n’était pas un congrès comme les autres. Les deux dernières années ont bouleversé le monde et les marxistes relèvent le défi. La profondeur de la crise a prouvé qu’une perspective socialiste révolutionnaire est la seule position réaliste à adopter. Cela est démontré par le fait que, alors que la crise est plus profonde que jamais, les réformistes se sont ralliés au gouvernement et à l’État. Il y a une atmosphère de découragement et de dépression à gauche, qui s’infiltre dans le mouvement plus large en raison de ce manque d’idées claires.
Mais ce congrès montre que les marxistes ne sont pas du tout découragés ou déprimés. Nous plantons notre drapeau et montrons qu’il existe une autre voie. Nous sommes confiants, enthousiastes et nous avançons. Avec les idées marxistes révolutionnaires de Marx, Engels, Lénine et Trotsky, il n’y a pas lieu de se sentir déprimé face à l’avenir. Nous appelons ceux qui veulent se battre et gagner contre le système capitaliste à rejoindre notre mouvement en pleine expansion. Ensemble, nous pouvons nous organiser et construire un monde nouveau, un monde socialiste.