Le slogan « Lorsque l’injustice devient la loi, la résistance est un devoir ! » résume fort bien l’analyse de la situation à l’Université de Montréal et indique la seule voie qui reste aux étudiants face aux attaques infligées par le gouvernement Charest et l’administration de Guy Breton.
Cette résistance semble aller de soi et l’énorme mobilisation lors du Blocage du pavillon Roger Gaudry à l’Université de Montréal du 12 avril pourrait le confirmer, mais il ne faut pas se faire d’illusions : c’est une bataille difficile qui est engagée dont l’issue dépendra en grande partie de la capacité des étudiants de l’UdM ainsi que des autres universités à se mobiliser. Le mouvement étudiant vacille entre combativité de masse et risque de découragement devant l’ampleur des obstacles que les injonctions provoquent.
Le jugement rendu jeudi le 12 avril par le juge Michel Caron de la Cour supérieure du Québec oblige les associations étudiantes à ne plus bloquer l’accès aux terrains de l’Université de Montréal. En plus de devoir laisser le libre accès aux terrains, elles devront également s’abstenir d’empêcher la tenue des activités universitaires. Toute personne qui ne respecte pas l’injonction risque d’être accusée d’outrage au tribunal.
Cette décision ne fait que renforcer la nature de l’État et de la Justice, en tant qu’instruments de répression du mouvement étudiant. Le fait que le gouvernement encourage l’administration des Cégeps et des universités à ne pas respecter le droit de grève de leurs élèves démontre que par sa nature, il reste hostile et non adapté aux besoins de la collectivité. L’analyse marxiste voit dans l’État un corps sécrété par la société pour surveiller le fonctionnement quotidien de la vie sociale et qui est au service de la classe dominante pour maintenir sa domination. Cette mise en cause des pratiques du syndicalisme de combat est insupportable pour les étudiants. C’est une tentative de renvoyer au rôle de spectateur passif une population qui commence à prendre ses affaires en mains!
Face à cette injustice flagrante, la Tendance marxiste internationale (TMI) encourage le mouvement à étendre la mobilisation et à s’opposer par des moyens collectifs de masse aux injonctions. Il est indispensable de persévérer dans la lutte pour éviter le découragement qui pourrait sinon venir très vite. La solidarité étudiante devient une prérogative pour résister à cette attaque judiciaire.
Quelles perspectives?
C’est évident : la combativité de masse se renforcera ou refluera en fonction des mobilisations face aux injonctions, mais quelles perspectives de lutte doit-on mettre de l’avant ?
À cette date, le risque est, bien sûr, que le gouvernement avec ses campagnes de judiciarisation et d’attaques médiatiques décrédibilise le mouvement étudiant. Il est donc important que la mobilisation se poursuive et si possible s’accentue maintenant, mais cela suppose aussi une clarification des perspectives politiques qui donnent confiance en une issue victorieuse des mobilisations. Or, sur ce terrain, les choses avancent… mais bien lentement.
Il est de bon ton aujourd’hui à gauche de s’adresser au « peuple » et de lier le mouvement étudiant à une lutte collective de la société contre l’austérité. Tant mieux, ce n’a pas toujours été le cas ! En même temps, il est clair que les beaux discours doivent être en lien avec des actions concrètes. La grogne populaire que provoque le comportement du gouvernement Charest doit donner lieu à des actions collectives entre étudiants et travailleurs.
La gauche syndicale et politique doit offrir des perspectives crédibles à la population afin de pouvoir converger les luttes contre l’offensive du capital envers nos acquis sociaux. Face à cette conjoncture, TMI (Tendance marxiste internationale) encourage des actions concrètes pour développer les liens entre étudiants et travailleurs comme la participation à des lignes de piquetage dans le cadre de conflits syndicaux (Aveos, Rio Tinto, cols bleus de Laval) ou à travers la mise en oeuvre d’actions communes, ceci pourrait être un premier pas vers une grève sociale de 24 heures.
Les syndicats doivent également déclencher une vague d’assemblée générale pour appuyer le mouvement étudiant et préparer leurs membres à une telle action. Nous entrevoyons cette tactique comme le meilleur moyen de pression contre le gouvernement. Cette alternative doit servir de mot d’ordre au mouvement. Le syndicalisme de combat devrait être le prolongement de la politique d’action directe que mène le mouvement étudiant depuis le début de la gréve. En nous alliant aux syndicats qui luttent contre l’austérité, les étudiants seront les initiateurs d’une vaste lutte qui propose une alternative concrète à la société dans son ensemble.